En tant que maman, j’ai rarement donné dans la culpabilité. Il m’a paru évident tout de suite que la culpabilité n’était pas quelque chose qui allait m’aider à élever mes enfants à devenir des êtres autonomes, indépendants et bien dans leurs baskets. Je pense aussi qu’avant de devenir maman, j’avais assez donné dans la culpabilité pour m’en vacciner à jamais. Je me sentais souvent coupable de beaucoup de choses (bien souvent des choses où je n’avais rien à voir) et un événement sérieux m’a mis devant un choix : soit je me sentais responsable de cet événement dramatique et je gâchais ma vie à porter cette culpabilité immense, soit j’analysais les choses autrement et j’en faisais une force.
J’ai compris que la culpabilité, c’était aussi me remettre au centre de tout et que non, malgré tout ce que je pouvais imaginer, je ne pouvais être responsable de tant de choses.
Alors, la culpabilité de mère, c’était donc NON depuis le début. Je ne culpabilise pas de prendre du temps pour moi, je ne culpabilise pas de crier, je ne culpabilise pas de manquer de patience… Évidemment, j’aimerais m’améliorer sur certains points, je fais des efforts dans ce sens. parfois beaucoup, parfois pas du tout. Évidemment, parfois je culpabilise un peu quand même, comme une piqûre de rappel mais en général le sentiment est vite balayé par quelque chose de plus gai.
Et puis ces derniers mois, différents événements m’ont bousculée en tant que mère. J’ai eu très envie de retrouver la période où j’avais 3 enfants de moins de 5 ans et où ma seule culpabilité fugace était celle d’avoir envie de les envoyer en orbite pour pouvoir dormir une heure (en vrai, je crois que je ne revivrais cette époque et la fatigue qui l’a accompagnée pour rien au monde). Je me suis sentie bien nulle comme mère alors que juste avant, je me trouvais très bien imparfaite comme je l’étais. Ça a été lourd pour moi, extrêmement déstabilisant, me rendant encore plus irritable au quotidien (quand on s’enfonce, autant creuse profond, hein). Je m’en suis voulue pour différentes choses que je ne voyais pas alors que les signaux clignotaient en néon format 4×3 sous mon nez.
J’ai été une mère en carton. D’ailleurs tout avait le goût de carton alors j’ai mangé beaucoup de carton pour essayer de retrouver le goût des choses sans y parvenir.
J’ai la chance d’avoir un entourage en or massif qui m’a pris entre 4 yeux pour me dire que non, je n’étais pas une mère en carton, que c’était peut-être mon ressenti mais que non, quand on regardait la situation, c’était peut-être même un peu le contraire. Ces gens m’aiment alors ils ne sont pas vraiment objectifs mais j’ai pris leurs mots doux pour argent comptant.
Et puis, il y a eu la belle analyse de Cécile, reine du DIY en carton : « Le carton, crois-en une experte, c’est hyper solide. On en fait des meubles. Alors vive les mamans en carton. Ce sont les meilleures ».
Alors, voilà, je suis une solide mère en carton, faut juste aps que je pleure trop parce que l’humidité, ça fait gondoler.
PS : la photo est signée Céline pour Wonderful Breizh, c’est la première photo qui est apparue quand j’ai écrit ce billet et je trouve qu’elle lui va bien.
EDIT : javais oublié le lien vers le vieux billet, celui-là, j’aimerai toute ma vie le relire je crois.
38 commentaires
C’est évident que si l’on voit le carton sous l’œil du DIy, cela change la donne sur les mères en carton !
Puis le carton il protège aussi ce que nous avons de plus précieux…. ou presque !
J’espère que ton entourage continuera à te dire entre 4 yeux que tu es formidable et que tu vas mieux !
Je t’embrasse
Changer de persepctive ouvre de grandes révélations 😉 Merci et bises chez toi.
C’est une part de mon métier… le cartonnage ! On le coupe précisément, on le gaine, on en fait un écrin où dorment de précieux trésors du patrimoine. Que dans votre giron de maman en carton viennent se lover, s’abriter, les petites âmes cabossées !
Le carton c’est léger mais ça ne s’en dechire pas comme ça, ce n’est pas hermétique, ça laisse respirer.
Merci pour cette belle image, je vais la garder au chaud dans ma tête car je la trouve superbe.
Pour ma part, il y a 15 ans, j’ai vie pesé le pour et le contre de chacun des 2 voix que j avais devant moi. Choix cornélien car mes enfants étaient directement et lourdement impactées par ce choix. 15 ans après il s’avère que ce choix n était pas le bon et le mot est faible . Et non seulement mes enfants en ont pâti .ais ils en ont été de terribles victimes, physiquement. Et la culpabilité, je ne vous dis pas a quel point je l ai ressentie. De longues années. Une dépression carabinée après, mes filles m ayant clamé haut et fort qu elles ne men voulaient pas, et parce qu Une personne a eu cette phrase salvatrice » oui vous êtes responsable de ce qui est arrivé mais vous n’êtes pas coupable de ce qui est arrivé « . Cela m’a permis d aller de l’avant, non pas d’oublier car on n’oublie jamais « ca » , mais on cohabite aimablement avec ce souvenir. Et cela m’a rendue plus forte et à recréé des liens très très très fort avec mes enfants
C’est beau tout le chemin que tu as réussi à faire. Merci de le partager ici.
Merci.
Je rectifie car pas clair le début de mon com avec les fautes…
» j’ai dû peser le pour et le contre des 2 voies que j’avais devant moi »
Bravo pour ce super article ! Pour moi, c’est l’inverse, j’étais une mère qui culpabilisait à fond la caisse et qui un jour s’est rendu compte qu’elle exagérait un poil et qu’il faut qu’elle arrête avec çà ! Mais une solide mère en carton aussi je le suis devenue ! A bien y réfléchir, nous le sommes toutes à notre manière. Grosses bises.
De la difficultés de placer le curseurs au bon endroit… Bises aussi !
J’ai vécu toute ma vie avec une mère culpabilisée/culpabilisante et je peux dire que ça n’apporte rien de bon, bien au contraire si ce n’est des casseroles en plus…
Je me trouve soeur en carton en ce moment, parce qu’empêtrée dans mes soucis et pas dispo à 100%.. du coup je t’avoue que je vais m’approprier la phrase et me dire « vive les soeurs en carton 🙂 »
Bisous et merci pour ce billet
J’ai connu cette époque où je ne me sentais pas disponible pour les autres (et ça revient parfois à certains moments) et je déteste ça. Pourtant, mon entourage le comprends bien et je me « rattrape » ensuite quand je peux. Des bisous à toi et de l’indulgence !
« Le carton c’est l’avenir ! »me disait ma fille de 9 ans en construisant une maison pour ses poupées avec une boîte à chaussures. !
Écoutez les paroles bienveillantes et continuez de ne pas culpabiliser…
Ha ha, Cécile dans son message me disait aussi que le carton, c’est l’avenir de nos enfants ^__^
La parent alité et la maternité… un vaste programme… C est chouette que ton entourage te soutienne!
Ici avec la BFF, on a des enfants du même âge et on fait souvent des activités ensemble… et on s autofelicite a coup de « on est des mamans qui déchirent », et ça fait du bien! Ça contrebalance les moments où on est des mamans en carton , même si désormais je ne verrais plus cette expression du même œil!!!
Oh que c’est précieux une amitié comme celle-là !
On nous demande d’être tellement parfaites, alors c’est vrai que la culpabilité fait son terreau dans cette angoisse. J’ai décidé que je ne serais pas une maman parfaite mais imparfaite et fière de l’être. J’aime mes enfants très fort, ils le savent mais je peux crier, pleurer, parce que je suis aussi et avant tout un être humain. J’apprends à gérer mes émotions, et à tendre vers une parentalité bienveillante. Le plus important dans tout cela, c’est de s’en rendre compte et de travailler dessus. C’est ce qu’on appelle l’évolution.
De mon côté, je n’ai jamais ressenti d’attente de perfection de la part « des autres ». Je me suis toujours sentie assez libre d’être la mère que j’étais avec toute la complexité que cela peut induire. Si tu ne l’as pas lu, lis le livre d’Agnès Labbé sur l’éducation approximative.
J’aime beaucoup cette jolie phrase pleine d’humour de la maman en carton qui ne doit pas trop pleurer sinon la carton, ça gondole 🙂 Alors belle journée à une maman …qui cartonne !!
C’est vrai que « cartonner », c’est un belle image aussi !
Comme ce billet me parle, tout comme le précédent avec son passage sur le changement de collège de KA !J’ai faille commenter dessus mais ma réserve naturelle a pris le dessus. On est un peu dans la même démarche en ce moment, sauf que nous c’est en début du primaire. HP non détecté, puis non pris en compte dans son quotidien scolaire même lorsque nous leur avons mis le rapport sous le nez. (Alors qu’en maternelle tout a marché comme sur des roulettes sans même avoir besoin de mettre un mot dessus grâce à un personnel et à une structure en or; on l’apprécie d’autant plus maintenant.) Harcèlement scolaire détecté toujours par nos soins, mais au bout de plusieurs mois de souffrances alors que comme tu dis tous les néons clignotaient devant nos yeux.. Harcèlement non pris au sérieux par l’établissement une fois porté à leur connaissance et transformé en véritable victim bashing…
Je n’aime pas le mot « culpabilité », du coup je ne suis pas du tout dedans. Je parle plutôt de « remise en question », qui est essentielle à mes yeux pour capitaliser des expériences passeées et en ressortir grandi, mais sans la composante auto-punitive de la culpabilité.
Bon courage à vous ! Je vous souhaite sérénité et harmonie pour la suite pour KA et pour vous !
Quels sont-ils ces voyants qui clignotent ? Parce que je préférerais les voir s’ils devaient un jour clignoter sous mes yeux (pourvu que non…)… Bon courage et tout le meilleur pour vous et votre enfant.
C’est assez variable selon le type de harcèlement et la personne concernée. En général symptômes dépressifs plus ou moins sévère (attention, la dépression chez l’enfant se manifeste autrement que chez l’adulte), repli sur soi… je vous laisse un lien vers une excellente vidéo sur le sujet : https://vimeo.com/306354103?fbclid=IwAR2DRr_FZ1Qzo0xQ28OA1g29hW9wNks8VipvBxTPXw69rQeKojCmDdaFNPs
Merci pour le lien Les soucis rencontrés chez moi et les signaux d’alarme ne concernent pas forcément ce sujet mais il est intéressant.
La remise en question est effectivement importante et beaucoup plus constructive que la culpabilité !
Bon courage pour la suite, j’espère que vous allez trouver votre solution.
Ô combien j’aurais pu écrire ce billet (sans ton style bien sur !) . J’alterne je crois comme beaucoup de mamans des phases mère carton/mère pilier béton.
Je culpabilise aussi de crier (BEAUCOUP parfois !), de certains mots , parfois durs, qui m’échappent en situation de conflits/crises..et crois moi avec un ado de 14 ans et un pré-ado de 12 ans les crises/crisounettes sont quasi quotidiennes !!
Et puis je m’auto brief en cessant de culpabiliser, je cois faire au mieux pour mes gars, c’est bien le principal. De tout façon l’opposition est une phase obligatoire et indispensable.
Enfin, pour illustrer tout ça j’ai l’anecdote de la « semaine 7″ (déformation pro les numéros de semaine !)
Mardi matin 7h 30 Décors : Trajet voiture matinal en direction du collège , démarrage de palabre de l’ado je ne sais même plus à quel sujet d’ailleurs ! :
» Ado : ouais t’es relouuuuu [….] tu veux paaaaaaaaaaaaaaaas mais c’est mort […] chiante [….] y a pas moyen !
Moi : non mais tu ne me parle PAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAs comme çAAAAAAAAAAA (quasi hurlante – culpabilité ON-) »
J’arrive donc au boulot toute chaffouine, suffisamment pour qu’une collègue le remarque me dise « dis donc t’es pas en forme toi ! « …je lui résume l’ado relou !
Mercredi matin : même heure/même décors/mêmes protagonistes :
» Ado : n’empêche tu déchire comme mère, mes potes ils te trouvent trooooop stylée et les gars du foot aussi [..] en fait t’es top !
Moi : ——– (nada pas de répartie »
DONC l’ado (le plus petit aussi mais c’est moins est versatile rapide peut être ?!?) est changeant et bousculant ! Et nous parent/mère on fait au mieux avec nos convictions, nos moyens (énergie/timming toussa) !
l’anecdote me parle beaucoup, j’avoue que j’entrevois l’adolescence comme un énorme point d’interrogation… Bisous !
Je trouve tellement que vous êtes une maman formidable, en carton si vous voulez, mais à l’écoute de vos enfants, respectueuse d’eux et de leurs personnalités (toutes attachantes!). Soyez fière de ce que vous accomplissez, vous leur tricotez sans cesse de merveilleux souvenirs pour demain. Votre famille est tellement attachante! De tout mon coeur bonne route à vous cinq!
Merci Corinne. On fait comme notre coeur nous le dit mais ça n’est pas une long fleuve tranquille.
C’est si bien dit… ben oui c’est sur que c’est difficile de ne pas culpabiliser… Merci d’avoir mis des mots sur un ressentit que je ne réalisait même pas… Comme je m’y retrouve manque de patience, cri stress du boulot et manque de temps…
Bises marjolaine tu es une maman qui déchire et tu fais de ton mieux c’est le principal!
On fait dans l’amour même si c’est chaotique et qu’on sort de la route… On essaie d’avancer ensemble.
Franchement bravo de n’avoir jamais culpabilisé. De mon côté j’ai l’impression de me sentir responsable de tout ce qui ne va pas et j’ai vraiment du mal à me détacher de ce sentiment.
Tu as de la chance d’être entourée de personnes qui savent te rebooster. Bisous
Ton dernier billet sur ton grand m’a beaucoup touchée, tellement que j n’ai pas su quoi t’écrire. Des bisous.
Merci <3 Ce billet était dans mes brouillons depuis un moment.
« Soit je me sentais responsable de cet événement dramatique et je gâchais ma vie à porter cette culpabilité immense, soit j’analysais les choses autrement et j’en faisais une force.»
Cette phrase résonne très fort en moi mais pour l’instant je n’arrive pas…
Très beau texte…
De mon côté je n’aime pas cette expression de «mère en carton», même si elle est souvent utilisé ironiquement je la trouve très culpabilisante… Ce qui est fort dommage pour le carton, on est bien d’accord ! 😉
Mais oui, réhabilitons le carton !
Les phrases qui résonnent chez moi, je les laissent vivre quelque part et tout à coup, elles deviennent réalité. Un peu comme dans cet billet-là : http://www.marjoliemaman.com/2014/11/27/pardonne-a-ton-corps/
L’épisode le plus caractéristique de mon cartonnage (?) en tant que mère, c’est le jour où ma petite, comédienne dans l’âme, s’est plaint toute la journée d’avoir mal à la tête, du mal à respirer. « Ouais, c’est ça, tu veux faire sauter la gym, en vrai »….Ai-je pensé. Sauf que le soir, à la énième plainte, je l’ai faite se rhabiller, pour l’emmener aux urgences (pendant qu’une réaction de sa part serait : » non, mais ça va déjà mieux,là », et bien pas du tout…). Bien m’en a pris : elle faisait une crise d’asthme carabinée, et a été hospitalisée trois jours…Avec moi à ses côtés pétrie de culpabilité. Et aujourd’hui 6 ans après, je me demande toujours ce qui se serait passé si je n’avais pas pris un coup de calgon et décidé de l’emmener aux urgences…Comme quoi, côté carton, je n’étais pas loin d’aller à la déchetterie (oui, je culpabilise toujours).
Malheureusement je crois qu’on commence à culpabiliser dès que l’on se sait enceinte! Je pense qu’il faut lâcher prise et relativiser. Aucune mère n’est parfaite! (Ce serait trop chiant non?) Et vive le carton, c’est mieux que le plastique !!
Commentaire inutile mais tant pis : ce billet m’a permis de découvrir une expression que je ne connaissais pas : « mère en carton »…
Renseignements pris, ma mère et ma soeur connaissent parfaitement cette expression. Mais d’où vient cette lacune ?! Le mystère reste entier…(ma mère ayant une conception personnelle des expressions françaises, avec ma soeur on découvre régulièrement qu’on utilise complètement à tort certaines expressions et c’est régulièrement sujet à étonnement et rire dans notre entourage !)
Commentaire sans rapport avec le billet : tu avais parlé d’un camping en Bretagne avec des roulottes il me semble. Mais j’ai oublié le nom… tu pourrais me le redonner ?
Merci !