Lis ma vie

Le jour d’avant

Je ne me souviens plus du réveil. J’ai certainement dû me dire : « c’est peut-être pour aujourd’hui », comme tous les jours depuis 3 semaines. J’ai choisi une de mes tenues de grossesse préférées, au cas où, pour être jolie pour aller à la maternité. J’ai posé devant le mur en granit de la maison et MMM a pris quelques clichés avec mon téléphone. J’étais bronzée et on voyait la marque de bronzage de mes tongs.

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Il faisait beau et jour-là mais au lieu d’aller à la plage, le programme était prévu : il fallait terminer le poulailler. Avant cela, nous avons décidé au dernier moment d’aller manger tous les 4 au gite où était installés Mon Presque Frère et sa famille, à un petit kilomètre de la maison. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai le souvenir d’un repas où les enfants ont beaucoup ri. Nous avons mangé des pommes de terre à l’eau et des saucisses au barbecue. Ou peut-être pas mais c’est le souvenir qu’il m’en reste.

Après le repas, nous avons mis les filles, Fleur de Sel et la Minimanue de pas encore 9 mois, au lit. Pendant ce temps, Kouign Amann, son copain L et son cousin MaxiMax qui avait débarqué pour rejoindre la petite bande s’agitaient dans le jardin, se cachaient derrière la voiture, exploraient le terrain. La Douce et moi les surveillions, poussions la voix quand il fallait calmer les ardeurs et les faire revenir dans un périmètre acceptable. A 1 km de là, MMM, Mamily, Grand-Beau-Frère, TontonXav et Mon Presque Grand Frère s’affairaient dans mon jardin, plantaient du grillage, élaguaient les haies, arrachaient les mauvaises herbes.

Alors que nous surveillions les garçons, je sentais mon ventre se serrer fort. Plusieurs fois, j’ai dit à la Douce « oh punaise, je chronomètre » mais après une salve de 3 ou 4, cela s’arrêtait. J’ai demandé aux garçons de me préparer une bonne soupe pour me faire accoucher et me donner des forces. J’ai eu le droit à une grande bassine de cailloux, terre, herbes et autres feuillages. C’était délicieux, évidemment et je n’en ai pas laissé une miette. Les filles se sont réveillées et nous avons fait le goûter.

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Et puis nous sommes retournés à la Nourserie. Je me souviens que les garçons étaient agités, que Fleur de Sel pignait beaucoup et que j’étais fatiguée. « Demain, j’ai besoin d’une journée OFF, sans les enfants » ai-je dit à Mamily que je croisais dans la cuisine.

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La journée s’étirait en longueur mais il faisait doux. Le poulailler était terminé, la team construction était en sueur. J’ai proposé une pizza tout en jetant un coup d’oeil sur mon Iphone pour voir le temps entre deux contractions. Rien de très serré. J’ai embarqué Mamily avec moi dans la Micra pour aller chercher les pizzas. Juste au cas où. Au volant, j’ai soufflé fort durant une contraction. Je me suis demandé si je n’allais pas perdre les eaux dans la pizzeria sous le regard effrayé du patron qui me trouvait vraiment très ronde, mais non.

Nous nous sommes tous installés sur la terrasse de la Nourserie. Sur la table : des bières, des pizzas délicieuses et mon téléphone qui me disait « time is coming ». Chaque contraction arrivait avec plus de force. Pourtant, j’avais une faim de loup. J’ai mangé une pizza Reine entière à moi toute seule en m’excusant : « je suis désolée, mais je suis affamée ». Je savais que la nuit allait être longue. Je sentais le regard attentif de chacun alors que je devenais complètement bipolaire. Impossible de parler pendant les contractions et la seconde suivante, je discutais comme si de rien n’était, comme si j’avais juste rêvé la contraction.

Le repas terminé, nous sommes tous allés faire le tour du poulailler. Il était parfait. Je me suis accrochée au cou de Mamily, pliée en deux par la douleur. Et j’ai prononcé la phrase que tout le monde attendait : « ça y est, il faut y aller ».

MMM et moi sommes partis nous doucher pendant que le reste de la troupe débarassait la table et rangeait le chantier. J’ai bien frotté mes pieds qui étaient noirs de crasse. J’ai presque regretté d’avoir porté ma chemise préférée le matin-même et de devoir me changer. Nous avons préparé les baluchons des enfants. Fleur de Sel irait avec Mamily, MaxiMax et TontonXav pendant que Kouign Amann dormirait au gite avec mon presque Grand Frère et les siens. Je me sentais bien, je maitrisais ma douleur même si elle était intense. C’était une belle soirée pour accoucher.

J’ai embrassé les enfants sur la tête, là où ça sent si bon, j’ai dit au revoir à tout le monde et puis je me suis installée sur le canapé, pour attendre un peu, juste pour être sûre. Grand-Beau-Frère et MMM me regardaient d’un oeil rond. A la première contraction, j’ai dit : « on y va ». MMM a chargé la valise et le sac d’accouchement dans la Micra et nous sommes partis à l’hôpital.

C’était le 23 août 2012 à 22h30. Il faisait terriblement doux, nous étions en t-shirt et en short.

Moins de 4 heures plus tard, Petite Gavotte allait rejoindre notre famille.

EDIT : cette journée est d’autant plus précieuse que pour mes deux accouchements précédents, j’ai été déclenchée. Je n’aurais pu espérer un climat plus chaleureux que celui de cette journée.

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