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Pour en parler : CJC

IMG_8722Côté éducation, MMM et moi sommes faits du même bois et nous allons dans la même direction la plupart du temps. Bien évidemment, on s’accroche et on fait régulièrement des ajustements mais globalement, nous sommes une équipe. Yeah !

Les seules fois où nous nous accrochons fortement, c’est quand nous parlons de notre manière d’aborder le thème de la drogue avec les enfants. Je vous l’accorde, normalement ce n’est pas pour tout de suite, pourtant, c’est un sujet sur lequel nous ne sommes (ou plutôt, nous n’étions) pas du tout d’accord. Et je ne saurais vous expliquer pourquoi, cela me contrariait pas mal (enfin si, maintenant je sais pourquoi, parce que j’avais tort, hum).

Quand j’ai été invitée avec Céline et Camille à une rencontre à la Consultation Jeunes Consommateurs (CJC) de Boulogne, j’ai sauté sur l’occasion et j’ai commencé à lister les questions que j’avais sur les sujets alcool, drogues et addictions chez les jeunes. J’en ai également pas mal parlé autour de moi et j’ai constaté que c’était un sujet qui angoissait pas mal de parents, même si leurs enfants étaient encore petits.

Nous avions deux heures devant nous pour discuter des addictions, de la drogue, de l’alcool, des jeux vidéo et de la manière d’accompagner nos enfants par rapport à ces sujets en compagnie de Jean-Pierre Couteron, psychologue clinicien et Aude Stehelin, psychologue clinicienne qui travaillent dans la CJC qui nous accueillait (Trait d’Union à Boulogne) ainsi que Karine Grouard, qui travaille au sein de ADALIS (Addictions Drogues Alcool Info Service).

Si vous ne connaissez pas les CJC, vous connaissez sûrement ces spots (que je trouve vraiment bien vus) :

https://youtu.be/L1c1GdsKBv4?list=PLl00syIAMv7TTZqGQl_cYb3Z_YZzfsqUz

si la vidéo ne s’affiche pas , vous pouvez la regarder ici.

Quand nous avons commencé à discuter, j’ai tout de suite mis les pieds dans le plat : « mon mari pense qu’il faut parler librement des drogues, de leurs effets, dire à nos enfants qu’on en a consommé. Moi, je dis que c’est hors la loi alors, point final, ils n’ont pas à en consommer. Je leur dis que c’est interdit par la loi et puis c’est tout et que c’est mauvais pour la santé. Cependant, je suis bien consciente que ce n’est pas la bonne solution mais j’ai le sentiment qu’ouvrir le discussion, c’est laisser la porte ouverte à la consommation ». Punaise, en lâchant ma question, j’ai perdu 150 kilos. SOULAGEMENT.

Sans aucun jugement sur ma position, nos hôtes ont lancé la discussion et m’ont ouvert peu à peu les yeux sur la réalité et nous avons passé deux heures à discuter à bâton rompu de ces sujets si épineux : comment gérer l’arrivée de l’alcool dans leur vie, comment gérer les dépendances aux jeux vidéo, comment leur relater notre expérience de l’alcool et des drogues, comment les écouter aussi…

Ces deux heures, sans exagérer, ont sans doute changer en profondeur ma manière d’éduquer mes enfants d’une certaine manière. Cette discussion a appuyer sur des boutons de mon cerveau qui clignotaient sans que je n’arrive à identifier pourquoi. j’ai réalisé que ce n’est pas parce que je décide quelque chose que mes enfants vont le faire de cette manière (après 8 ans de maternité, j’aurais dû le comprendre avant, on est d’accord mais parfois, je suis lente).

Je crois qu’il est malheureusement impossible de vous relater toute notre discussion mais Camille, Céline et moi en sommes ressorties plus armées ou mieux confortées dans la direction à prendre par rapport à ces thématiques drogue-alcool-addiction. Je vais cependant essayer de vous livrer les grands points que j’ai retenu :

– Nos enfants croiseront forcément  le chemin de la drogue et de l’alcool, cela ne veut pas forcément dire qu’ils vont en consommer et qu’ils vont développer une addiction.

– Le temps est notre ami : plus on retarde le début des consommations, mieux c’est pour le jeune (ça me fait bizarre d’écrire « le jeune », ça me rappelle Le Péril Jeune côté prof mais je ne sais pas comment vous l’exprimer autrement).

– Il est important d’expliquer qu’il y a des âges par rapport à la consommation et que l’on n’est pas armé à 15 ans de la même manière qu’à 21 ans par exemple. Plus on consomme jeune, plus les risques sur le bon développement du cerveau sont importants.

– Quand on parle des produits (drogues ou alcool), il faut certes en expliquer les dangers mais également parler de l’effet plaisir que l’on ne peut pas nier.

– Expliquer nos consommations à nous, nos consommations d’adultes : « oui, tu as vu l’autre jour, j’ai bu un peu trop mais j’ai laissé le volant ».

– On peut aider son enfant en lui proposant des stratégies d’évitement s’il est confronté à l’alcool ou aux stupéfiants parce que ce n’est pas forcément facile de faire partie d’un groupe et de refuser de consommer.

– On donne un cadre. Par exemple, s’il sort, on lui donne une heure de retour en lui demandant de revenir dans un état acceptable sinon, il n’y aura pas de sortie la prochaine fois. A son retour, on ne lui fait pas souffler pour vérifier son haleine mais on lui montre qu’on est debout pour vérifier qu’il est bien rentré. Ce cadre, ces limites sont là pour le rassurer, lui montrer qu’on s’intéresse mais qu’on le responsabilise (je ne vous explique pas mes sueurs froides rien qu’à y penser, comme quoi, c’est bien que je me prépare dès maintenant).

– On leur rappelle qu’on est là pour eux. Oui, s’ils dérapent et boivent trop, on les engueulera mais on sera là pour venir les chercher parce qu’on les préfère vivant dans notre voiture que dans dans la voiture d’un copain bourré.

– S’intéresser à son addiction pour mieux la comprendre. On parlait par exemple des jeux vidéo et de la difficulté d’arrêter quand le parent le demande. Oui mais peut-être que l’enfant est engagé dans un jeu et que s’il arrête tout de suite, il ne peut pas sauvegarder sa partie ou qu’il risque de faire perdre son équipe s’il joue en réseau. Comprendre cela, cela permet de dire ; OK, tu finis ce jeu ou dès que tu peux, tu arrêtes. Cela marche beaucoup plus facilement avec mon Kouign Amann par exemple qui coupe alors la console sans râler.

– Et, point le plus important : on n’attend pas. Si en tant que parent on a une question, un doute, une angoisse : on déroche tout de suite son téléphone et on appelle la CJC au 0.800.23.13.13 (gratuit depuis un poste fixe) ouvert 7J/7 de 8h à 2h ou le 01.70.23.13.13 (depuis un portable au coût d’une communication ordinaire). Sur le site www.drogues-info-service.fr, vous trouverez les coordonnées de la CJC la plus proche de chez vous. Il y en a environ 400 en France et c’est GRATUIT. Si besoin, vous pouvez y être reçu en famille et/ou individuellement.

Personnellement, je suis fan de leur base line : Alcool, cannabis, cocaïne, ecstasy, jeux vidéo, tabac… Pour en parler, c’est ici.

En sortant de ces deux heures de discussion, je me suis sentie bien, rassurée quelque part. Et puis j’ai eu un petit point au coeur en me disant que, bon sang, j’aimerais bien pouvoir passer un coup de fil à Jean-Pierre ou à Aude le jour où j’en aurais besoin, le jour où je trouverais peut-être une boulette dans la poche d’un des Pin’s ou le jour où on devra gérer les fêtes et l’alcool. Et finalement, je me suis sentie extrêmement en confiance parce que je sais désormais qu’en appelant l’un des numéros que l’on m’a donnés, j’aurais un Jean-Pierre ou une Aude disponible pour m’écouter et me conseiller si besoin.

Un grand merci à Aude Stehelin, Jean-Pierre Couteron et Karine Grouard pour leur accueil et leur bienveillance, merci à Macha d’avoir partager la passion de son métier et merci à Alex d’avoir permis cette rencontre.

Billet écrit en partenariat avec l’INPES et le CJC.

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36 commentaires

  1. Répondre MaggieBzh 8 avril 2016 à 15:23

    J’aborde souvent le sujet avec mes pré-ados/ados…
    En gros, je pars du principe que, dans la mesure où j’ai été fumeuse (1ère cigarette à 14 ans) et où je me suis pris des cuites (1ère banane à 19 ans), je n’ai aucune légitimité pour leur interdire de le faire…
    En revanche, je leur explique aussi que même si l’effet de groupe est parfois pesant, ils peuvent dire non.
    Je me suis retrouvée dans des soirées étudiantes où j’étais la seule à ne pas tirer sur le joint… parce que ça ne m’intéressait pas (et pas parce que c’était mal) et j’ai survécu à ce décalage avec mes pairs! 🙂
    J’évoque aussi l’âge des « premières fois », que, comme tu l’écris, le corps et la tête ne gèrent pas les choses de la même manière à 12 ans qu’à 20 ans.
    Bref, on verra bien ce que ça donnera…
    Je pars du principe qu’interdire quelque chose donne encore plus envie de transgresser l’interdit, et que le partage du vécu est plus préventif.
    Mais ça, c’est un point de vue! 🙂

    • Répondre Marjoliemaman 8 avril 2016 à 15:43

      Ton approche est proche de celle dont nous avons parlé, l’important est de toute façon de garder le dialogue. L’effet de groupe est un facteur important dans les premières consommations, à nous aussi de les armer pour faire face qu’il s’agisse d’assumer ou parfois, de trouver des stratégies d’évitement.

  2. Répondre Quatre enfants 8 avril 2016 à 15:26

    Merci beaucoup de partager ça ! Et comme toi, moi aussi il me faut du temps pour me préparer mentalement … Hier encore, les problèmes concernaient le lait avec ou sans PLV, et déjà ceux des soirées avec ou sans alcool se profilent…. Ca passe troooop vite 😉

    • Répondre Marjoliemaman 8 avril 2016 à 15:45

      Ah ah, oui, c’est exactement ça. Hier on galérait avec des histoires de fesses rouges et de poussées dentaires et demain, on abordera l’alcool et le cannabis. Gloups !

  3. Répondre Meline 8 avril 2016 à 16:34

    Merci merci merci pour ce témoignage, notre grand a 13 ans et on commence à faire attention (merci le collège). Heureusement que des consultations comme celle-ci existent.

    • Répondre Marjoliemaman 11 avril 2016 à 04:23

      Oui et surtout, il ne faut as hésiter à décrocher son téléphone !

  4. Répondre Sandrine 8 avril 2016 à 16:43

    Eh oui c’est un sujet qui me tourmente aussi 😉 mon fils n’a pourtant que 7 ans à peine et j’y penses, quand je vois déjà l’influence que d’autres enfants peuvent avoir sur lui, je me dis qu’à un moment donné nous serons confrontés à ces soucis.
    Nous avons décidés également d’en parler librement même si je suis un peu honteuse d’avoir été fumeuse, comment dissuader son enfant de toucher à une cigarette dans ce cas ? parfois il demande à sentir le verre quand nous prenons l’apéritif et pour le moment ce ne sont que des poua, beurk … mais je sais que cela ne durera pas, c’est pour cela que l’on commence la prévention !
    Merci pour ce point et ces infos 😉

    • Répondre Marjoliemaman 11 avril 2016 à 04:25

      C’est bien aussi que nos enfants apprennent de nos erreurs. Fianlement, c’est quand même intéressant de pouvoir leur dire : oui, j’ai fumé mais je n’en suis pas fière parce que c’est mauvais pour la santé et j’ai eu du mal à arrêter parce que…

  5. Répondre Sandrine 8 avril 2016 à 18:07

    Merci pour ce témoignage mes 2 grands sont au collège et quand j’en vois fumer devant la grille ça me fait déjà peur je trouve ça tellement intéressant.

    • Répondre Marjoliemaman 11 avril 2016 à 04:27

      Je crois que cette période entre l’enfance et l’âge adulte est particulièrement intéressante en tant que parent !

  6. Répondre Joëlle 8 avril 2016 à 21:02

    Aie aie aie bon sang ça m’inquiète également un peu précocement mais bon on anticipe beaucoup.
    J’espère montrer que le dialogue est suffisamment ouvert à la maison pour qu’ils viennent nous en parler le moment venu. Mais je pense que j’aborde rais le sujet avec eux avant. Big bisous et bon week end

  7. Répondre Soleil de minuit 9 avril 2016 à 09:18

    Merci pour ces informations. J’aime l’aspect bienveillant et déculpabilisant. Qu’a pensé MMM de cette approche ?

    • Répondre Marjoliemaman 11 avril 2016 à 04:32

      Cela correspond complètement à ce que lui il préconise donc il adhère.

  8. Répondre Poulette Dodue 9 avril 2016 à 13:05

    Mon collégien arrive proche de la « zone à risque ».
    Comme MMM je suis plutôt partisane du discutons en clairement. Le plus important selon moi c’est la confiance et la la « dédiabolisation ». Dans le sens , où je continuerais à dire à mes gars que c’est dangereux bien sur, mais je reste ouverte (dis celle qui flippe aussi hein !) aux échanges.
    Parents c’est une sacré mission ! 😉

  9. Répondre Sandra 9 avril 2016 à 13:44

    Moi je suis flippée face à cela. Je ne sais absolument pas ce que je vais pouvoir lui dire… pour l’instant je l’avoue je fuis parce que j’estime avoir encore un peu de temps devant moi… Je crois que le jour où je sentirais sur lui une odeur douteuse sera juste un supplice pour moi, et pourtant il va falloir faire face et ouvrir la discussion… Assister à des conférence est une très bonne chose, je le ferai peut-être pour m’aider <3

  10. Répondre Noémie 9 avril 2016 à 14:03

    Vaste sujet…on en a toujours parlé très librement dans ma famille. J’ai pris très vite conscience de ce que pouvait faire les drogues tout simplement par l’expérience de mon père. Je précise il n’en a jamais consommé en ma présence! Il m’a raconté sa jeunesse et ses excès…son expérience, les effets et parfois la perte de certain copain…et bien cela a eu un effet très positif sur moi! Je n’ai jamais touché à ce que l’on appelle couramment de la drogue dur et ça ne m’intéresse pas! Quand des copains ont pu me raconter leur trips sous tel ou tel produit, bien sûr je me suis dis que je pourrais peut être essayer à mon tour mais je me suis toujours dis que les effets sont différents selon les personnes et que le risque de « tomber » dedans est trop grand pour que je le prennes! Aussi, curieuse plus jeune de savoir si mon père ne m’avait pas raconté ça pour me faire peur, je me suis procurée à la bibliothèque un petit livre listant un maximum de drogue. J’y ai trouvé la composition, l’usage initial de cela, les effets sous ses produits et l’impact sur la santé j’ai eu donc confirmation de ce que me contait mon père! Par ailleurs, la première fois que j’ai fumé une cigarette j’en ai parlé toute honteuse, mes parents m’ont rassuré et m’ont fait comprendre que je pouvais bien fumé mais encore une fois que cela avait une incidence sur ma santé. Moralité j’ai arrêté….mais repris bien plus tard à l’âge adulte…hum hum Pour l’alcool, ma famille en consomme pour les fêtes et les repas de famille donc j’ai compris vite que cela n’était qu’occasionnel et lors de soirée entre amis mes parents ont procédé comme tu l’as dis…ok tu vas peut être boire mais ne prends pas de risque et tu seras que nous ne t’accueillerons pas avec un grand sourir si tu fais des excès mais nous serons là pour toi si tu en as besoin…Pour moi des explications et de l’information sont mieux que des sanctions qui donnerons bien plus envie de pratiquer des choses « interdites ». En tout cas ça a fonctionné sur moi 😉 Je pense que tes loulous sont encore loin d’être tenté par cela mais comprend l’appréhension que tu as pour amener ce sujet! Ce service peut être d’une grande aide, merci à toi d’en faire la « promotion ».

    • Répondre Marjoliemaman 11 avril 2016 à 04:35

      J’ai eu par rapport aux drogues dures la même réaction que toi : je ne sais pas si je suis assez forte pour me contenter de tester alors je n’essaie même pas. Merci pour ton retour d’expérience.

  11. Répondre Aurélie 9 avril 2016 à 15:34

    Ce billet m’a fait l’effet d’une bouffée d’air frais. Mon grand n’a que 6ans et je me projette déjà (bien trop souvent) dans quelques années, quand il faudra faire face à ce genre de problèmes. Je me disais que j’étais une maman trop angoissée, trop stressée, bref trop tout. Je vois que je ne suis pas la seule qui a des sueurs froides rien qu’en pensant à tout ça. Merci pour toutes ces infos, je me sens moins « seule ». Je ne voyais pas le CJC comme une prévention, mais comme un organisme que l’on contacte lorsque son enfant est déjà dépendant. J’hésitais encore sur la façon dont il faudrait aborder le sujet. Mon Mari a la même vision que le tien, mais je n’étais pas convaincue. Aujourd’hui je sais quel sera notre discours. Merci

    • Répondre Marjoliemaman 11 avril 2016 à 04:39

      En ce qui me concerne, ce sujet m’inquiétais car je sentais que mon approche n’était pas la bonne. Pour tout ce qui est relations sexuelles par exemple, le discours (futur) que j’ai est construit et me semble cohérent donc cela me stressait moins par exemple. Là, sur le sujet des addictions, je me sens plus sereine.

  12. Répondre Céline / Shalima 9 avril 2016 à 16:58

    2h qui ont passé à la vitesse de la lumière et qui ont vraiment fait avancer les choses ! Je me sens plus au clair aussi sur la question, et on en a parlé aussi avec les enfants. Bref que du bon, c’était chouette de partager ça avec Camille et toi 🙂

  13. Répondre margo 9 avril 2016 à 17:58

    Maman adoptive de quatre grands enfants de 29 à 19 ans j’ai forcément un peu d’avance sur vous sur ces sujets.
    Mes enfants sont originaires d’Afrique et de ce fait sûrement ont pas mal de leurs amis issus de l’immigration, majoritairement musulmans mais pas que et aussi des français de « souche ». Et bien on va dire que la problématique alcool-drogue n’est pas du tout appréhendée de la même façon dans les deux camps. En gros les jeunes « colorés » ne boivent pas ni ne fument (du shit tout au moins) et qqfois du tabac mais rarement, les blancs à la quasi totalité boivent et fument voire pire (cocaïne). Je pense que dans les familles africaines la drogue et l’alcool passent très mal et ils sont beaucoup moins dans la « pseudo-compréhension ».
    Ma dernière fille est étudiante en BTS et me raconte qu’à l’inter-cours les étudiants de son cursus (elle est la seule élève noire) vont sur la terrasse fumer leurs joints et racontent leur dernière « race » comme si c’était normal. Du coup elle n’a pas trop d’amis sur place juste quelques connaissances avec qui elle déjeune le midi car elle est complètement en décalage du fait qu’elle ne boit pas et ne fume pas non plus et ne s’intéresse pas à cela même si elle est parfaitement de son époque.
    Je vis dans une ville universitaire et je vois constamment à la caisse des supermarchés des jeunes (élèves ingénieurs ou d’une grande école de commerce,) avec quantité de bouteilles d’alcool et de bière dans leur caddie. Je suis épouvantée.
    Cela à l’air totalement banal pour eux.
    Je me demande si nous, parents, ne tenons pas un discours totalement laxiste sur la question qui commence par « c’est l’adolescence », « il est odieux c’est l’âge » je vois ça constamment sur les blogs. Mon préado par-ci, mon ado par-là, ou quand la maman a un gamin de sept ans  » je m’attend au pire dans quelques années. ».. qui finit par légitimer la conso d’alcool ou de drogue.
    J’ai élevé quatre enfants (même une cinquième qui n’était pas à moi) qui ont tous traversé l’adolescence et je n’ai pas vu chez aucun d’eux des remous tels que décrits si souvent ni de consommation d’alcool autres que le partage familial ou peut-être plus festif chez des copains quand ils sortaient.
    Il faut les responsabiliser, ne pas trop les coucouner et les secouer s’ ils dérapent.
    Je vous rassure nous sommes des parents aimants, l’entente familiale est au beau fixe et chacun a trouvé sa voie dans la joie et la bonne humeur mais il faut de la fermeté et pas trop de « compréhension » quand ce n’est pas le moment.

    • Répondre Estelle 10 avril 2016 à 05:57

      Je suis d’accord avec Margo. Dans ma belle-famille, il n’est meme pas question du terme « adolescence ». Ils sont dans la responsabilisation. C’est-a-dire a traiter les « ados » en jeunes adultes. Bien sur, s’ils n’arrivent pas a comprendre ou a realiser une tache du premier coup, ce n’est pas grave. Ce n’est pas la marche militaire non plus ! Lol. Et je remarque que ces jeunes se sentent beaucoup mieux car prit au serieux.

      • Répondre Marjoliemaman 11 avril 2016 à 04:48

        Merci pour vos retours d’expériences. Margo, on ce qui concerne les « camps » ceux qui ne touchent à rien et ceux qui boivent et se droguent, c’est peut-être représentatif de l’entourage de ta fille mais on ne peut en faire une généralité. On ne peut nier que nos enfants seront confrontés à l’alcool ou à la drogue et ce, quel que soit leur parcours. Leur mettre des interdits me paraît évident mais laisser la porte ouverte à la discussion, c’est leur laisser le droit à l’erreur et à l’autonomie. Pour moi, c’est cela les responsabiliser à cette période.
        Concernant l’adolescence, c’est une période qui est reconnue au niveau neuro et psycho comme un grand chamboulement avec des réactions qu ne peuvent être ceux que l’on attend d’adultes (le sentiment prend le pas sur le raison à cette époque), ce n’est pas juste une mode, on ne peut nier cette période de construction.

  14. Répondre Stéphanie 10 avril 2016 à 10:32

    Je suis ravie de cette lecture… (Avec un fils de 15 ans notamment). Jusqu’ici tout va bien mais j’étais super mal à l’aise avec mes essais passées, je me plaçais sur le même mot d’ordre que toi tout en sachant que ça ne collait pas super bien…. Merci pour l’ouverture d’esprit et le retour détaillé… A bientôt !

    • Répondre Marjoliemaman 11 avril 2016 à 04:49

      L’essentiel est d’avoir un discours dans lequel on se sent çà l’aise sinon, on a du mal à l’assumer. heureuse d’avoir pu aider.

  15. Répondre Bismarck 10 avril 2016 à 10:52

    Merci pour ce billet. Avec un pré-ado qui va partir en stage (de voile!) cet été pour deux semaines, je me demandais comment aborder la question, le prévenir de la probabilité qu’on lui propose des trucs plus ou moins nets à fumer (l’alcool étant théoriquement interdit sur le site)…

  16. Répondre Estelle 10 avril 2016 à 23:45

    bonjour,

    J’avoue que je suis toujours sceptique face au discours des associations « spécialisées », qui vont tenir un discours en oubliant l’essentiel : chaque enfants / ado est différent, par son caractère autant que par son vécu, donc il ne peut y avoir UNE méthode.

    L’interdiction absolue dénigrée car trop rigide et contre-productive est parfois (souvent ?) une solution tout à ait applicable. Pas pour tous les enfants ni pour tous les jeunes cependant.

    Je suis très sceptique aussi devant la théorie à la mode selon laquelle il ne faut pas interdire parce que l’interdit pousse à la transgression. Il y a et il y aura toujours des interdits (ne pas tuer, ni violer, etc), sur lesquels il n’y aura de toutes manières pas à transiger. Et les gens respectent, en tout cas pour l’immense majorité d’entre eux.

    Qu’il y ait des interdits, c’est normal. C’est juste un discours qui n’est pas du tout dans l’ère du temps, et que les théories éducatives changent selon les modes du moment.

    Une grande partie des ados ont effectivement des amis fumeurs (du légal ou de l’illégal) ou un peu trop buveurs, mais pas tous. Tous ne toucheront pas à l’alcool, tous ne toucheront pas à la drogue, certains même ne goûteront jamais la moindre cigarette.

    Ce que le parent ne peut pas contrôler (au mieux, influencer, selon des principes d’éducation qui amèneront son gosse à avoir plus d’affinités avec tel ou tel type de camarades), c’est l’entourage de l’ado, qui refusera plus facilement la clope, la fumette ou la beuverie s’il n’est pas le seul de sa bande d’amis à (essayer de) le faire.
    Pour le reste je rappelle que même si le dialogue est primordial, les cochonneries dont on parle ont un coût certain et que jusqu’à un certain âge, l’ado ne gagne pas son propre argent. Je n’ai jamais été attirée par la clope, mais si mes parents m’avaient surprise avec un paquet, je n’aurais plus eu d’argent de poche pendant un bout de temps.

    De me^me, le parent est libre d’imposer les règles dans sa maison, et tant que l’ado fumeur, par exemple, n’a pas le droit de fumer à la maison, il est obligé de ne pas fumer au moins 12h d’affilée par jour, et tout ce temps passé sans cloper freine le cheminement vers l’addiction.

    • Répondre Marjoliemaman 11 avril 2016 à 05:07

      Merci de ton message Estelle. Tout d’abord la CJC n’est pas une association mais bien des consultations qui se déroulent au sein des Centres spécialisés d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) ou dans des lieux spécialisés dans l’accueil des jeunes (Maisons des adolescents et Points accueil écoute jeunes).
      Comme je le dis, on ne m’a pas dit que j’étais dans le faux avec ma démarche, c’est moi qui ait dit que je sentais que ce n’étais pas la bonne chose à faire (avec mes enfants) et là, on m’a proposé des choses. Evidemment dans les CJC, chaque famille a un suivi particulier selon ses besoins et ses problématiques.
      Evidemment, nous avons souligné que l’interdiction était le rôle parental mais il y a l’interdiction pure et simple comme je l’envisageais (tout en n’étant pas convaincue) et l’interdiction avec une explication honnête : c’est interdit, le consommation apporte tel effet plaisir mais attention les dangers sont…
      Effectivement, tous les enfants ne fumeront pas et ne boiront pas et parmi ceux qui le feront, ils ne seront qu’une petite partie à avoir des souci d’addiction. Le CJC est aussi là pour offrir une écoute avant qu’il y ait un souci et pas seulement une fois que le doigt est dans l’engrenage car oui, certains sont plus influençables, plus sollicités, certains sont plus sensibles aux addictions, comme tu le dis, il n’y a pas de cas unique.
      Pour ce qui est de l’argent, nul besoin d’en avoir pour consommer, il suffit d’avoir des copains qui en ont.
      En ce qui concerne la cigarette, je vois exactement les choses comme toi et cela va pour moi avec le retardement au maximum des consommations. Plus l’ado commence à consommer tard, plus il est construit pour ne pas tomber dans les addictions et moins les dommages sont grands.

    • Répondre Estelle 11 avril 2016 à 05:51

      Je suis une autre Estelle 😉 et je partage ce point de vue

      @Marjoliemaman apres of course le cjc c’est bien aussi pour ceux et celles qui veulent l’utiliser

  17. Répondre Ysaline 14 avril 2016 à 03:38

    Bonjour,

    Un immense merci pour cet article.
    Je partage les mêmes appréhensions que vous pour mes trois enfants, âgés de 11, 10 et 8 ans. En particulier pour mon fils, l’aîné de cette fratrie, qui ne sait pas dire « non », qui a un caractère « gentil » et qui se laisse donc embarquer dans les pièges « foireux », tendus par des copains futés…
    Je n’ai jamais touché à la drogue et je ne consomme de l’alcool que très modérément, comme mon mari. Mais, je ne pense pas que ce soit suffisant pour convaincre nos enfants d’en faire de même…
    Je range précieusement vos conseils dans mon fichier « éducation ».

    Encore merci et bonne journée !

    Cordialement.

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