Alors qu’il sort dans trois jours, il est maintenant grand temps de vous raconter l’histoire qui se cache derrière mon nouveau roman Dans l’obscurité scintillent les fragiles étoiles.
Reprenons la chronologie en juin 2021 alors que vient de sortir mon premier roman, Jamais je ne t’oublierai. Après un départ canon et une réimpression le jour-même de la sortie, ce dernier ne fonctionne pas aussi bien qu’attendu par la maison d’édition. C’est la fin des confinements, les terrasses rouvrent, les salons et les libraires sont réticents à recevoir des auteurs débutants, les journalistes sont compliqués à joindre… Alors que cela devait être une grande source de fierté, je vis ce premier roman comme un échec. Je mettrai un temps fou à déconstruire cette idée mais je peux maintenant en parler avec du recul et je sais que ce n’est pas un échec pour moi (il a d’ailleurs bien fonctionné en poche un an plus tard avec une couverture qui n’avait rien à voir avec le sujet, mais bon…).
À ce moment, je sais sur quoi je veux écrire et si je rends mon manuscrit avant octobre 2021, il pourra sortir un an après le premier si ma maison d’édition l’accepte. Pas de souci, je m’en sens capable. Et aujourd’hui, je me pose la question : comment a-je pu y croire une seule minute. Pour rappel, en juin 2021, je suis au bout du roul’ et j’écris ça. Octobre se rapproche, j’ai déjàun tiers de roman que je trouve mauvais. Alexandrine, mon éditrice de l’époque me propose de décaler d’un an. Je suis soulagée, je me dis que j’écrirai plus tard, quand j’en serai en capacité. La priorité est de me remettre sur pieds.
Novembre 2021, une camarade de classe de 3ème de mon fils se suicide. C’est un choc, même pour ceux qui ne la connaissent pas personnellement, comme moi. Pendant les semaines qui suivent, je pense à cette jeune fille, je pense à la difficulté d’évoluer dans le monde en tant qu’ado, je repense aussi beaucoup à des événements de ma propre adolescence, je pense à tous ces sujets tabous que l’on colle sous le tapis… Sans que je ne sache trop comment, cet événement et tous les témoignages entendus à l’occasion de la journée de lutte contre le harcèlement plantent la graine d’un roman. L’histoire de Solal, un jeune garçon (qui ressemble évidemment beaucoup à mon fils) confronté au deuil après le suicide de Sterenn, son amie secrète, prend de plus en plus de place dans ma tête.
Fin décembre 2021, je pars 5 jours seule à Groix où je vis à mon propre rythme pour la première fois depuis de longues années. Je dors, je mange ce qui me plaît quand je veux, je lis, je regarde des séries avec des ados, je me promène beaucoup… Zéro contrainte. Le dernier jour, j’ouvre un fichier Word et je pose les premiers signes du roman que j’intitule « Sterenn« , un prénom qui veut dire « étoile » en breton.
Ensuite, mon ordi part en réparation et je n’ai plus la force de rouvrir le fichier pendant plusieurs longues semaines. Comme pour mon premier roman, je trouve la motivation d’écrire grâce à nos sessions de travail dans les cafés avec Mariam Sheik Fareed. Je ne suis jamais aussi productive que durant nos journées en tête à tête devant des infusions fumantes que l’on enchaîne.
Juillet 2022, j’ai une première version de ce roman que j’appelle provisoirement « Jour meilleur » car cette chanson d’Orelsan passe en boucle dans ma playlist et à la radio.
D’août à décembre 2022, j’essaye en vain de relire et d’améliorer ma version. Impossible, il se passe un truc dans ma vie personnelle à chaque fois que j’ouvre le fichier que j’appelle un moment « le tombeau des pharaons » tant j’ai l’impression qu’il déclenche des catastrophes en cascade.
Fin janvier 2023, après tout une restructuration avec MMM, aka la phase des post-it, j’ai enfin une version que j’estime suffisante à proposer aux maisons d’édition. Je cherche aussi un agent pour ce projet car je ne veux plus avoir à défendre ma valeur financière ou d’écrivain face aux maisons d’édition. J’échange avec plusieurs agents, sans avoir envie de passer le pas avec eux.
Je demande à Wandrille, qui représente déjà mon roman graphique en cours d’écriture (sortie en 2025 !) de prendre le roman sous son aile. Il lit le manuscrit et accepte alors qu’il n’a jamais fait dans le roman. Ça me touche d’autant plus que je sais que la littérature que j’écris n’est pas sa tasse de thé, pourtant l’histoire le touche suffisamment pour qu’il veuille la défendre. Nous commençons alors les envois à une quinzaine de maisons d’édition.
J’ai la chance d’obtenir des réponses négatives, mais détaillées souvent très encourageantes. Je me heurte plusieurs fois à un aspect marketing : « on ne sait pas comment le présenter aux lecteurs ». Les publications ados m’orientent vers les publications adultes et vice-versa. On me suggère des changements que je n’envisage pas de faire parce que je sais sur quels points je ne veux pas transiger. Je sais pourtant que, comme pour le premier, j’ai besoin des lumières d’une éditrice pour extraire le meilleur de ce texte.
Les semaines passent et je me dis que quoiqu’il arrive, ce roman verra le jour et que je le mettrais en téléchargement sur le blog si besoin. En juin 2023, je vois passer un roman de la collection Instants Suspendus de l’Archipel… J’envoie un mail à Virginie Fuertes, la directrice de la collection. Une semaine plus tard, elle me donne rendez-vous par téléphone. Je suis un peu désabusée, je n’attends plus vraiment rien après tous les refus encaissés. Pourtant, dès les premiers mots échangés, je sais que j’ai trouvé la personne qui a compris ce texte. Virginie pointe habilement ses faiblesses et à chaque fois qu’elle soulève un sujet, le moyen d’y répondre me vient instantanément. Trois semaines plus tard, j’ai modifié la première partie du manuscrit et nous trouvons un accord. Mon deuxième roman sera donc édité chez l’Archipel dans la collection Instants Suspendus.
Tout s’enchaîne ensuite très vite. Je termine les modifications durant l’été ; en août, nous trouvons le titre ; en septembre nous choisissons le dessin de Quibe (qui a illustré ma première couv de roman), nous faisons un nombre incalculables d’essais de couleurs avant de trouver notre bonheur, je repasse encore sur le texte parti en correction et en décembre et, après une énième relecture dans le train en direction du Var, je valide le BAT (bon à tirer) la veille de l’enterrement de ma tante.
Et nous y sommes, dans deux jours, Dans l’obscurité scintillent les fragiles étoiles sera en librairie pour ouvrir la saison 2024 de la collection Instants Suspendus… C’est un peu fou et je peine à y croire complètement. Pour vous donner envie de l’acheter, voilà le résumé :
13 ans, Solal est un collégien pas tout à fait comme les autres. Avec son année d’avance, sa puberté qui se fait attendre, et malgré l’interdiction d’avoir un téléphone portable, il navigue avec agilité dans les méandres de l’adolescence.
Un jour, la très populaire Sterenn, camarade de sa classe de 3e, se suicide sans préavis. Pour Solal, c’est le choc. Depuis plusieurs semaines, Sterenn et lui avaient noué une amitié sincère, mais secrète.
Comment surmonter la culpabilité de ne pas avoir su l’aider alors qu’ils étaient devenus si proches ? Comment faire le deuil d’un lien qui n’a pas existé aux yeux des autres ?
Solal a beau être entouré par une famille aimante et des copains fidèles, peut-il continuer à vivre sans Sterenn ?
Le symbole de l’étoile (*sterenn) m’a accompagnée tout au long de ce processus comme pour me soutenir, parce que je peux bien vous l’avouer, j’ai pleuré des litres et des litres en écrivant ce roman.
Dans mes plus gros moments de découragement, quand j’avais l’impression que personne ne saisissait l’essence de ce texte et qu’il resterait au fond de mon ordi, une petite partie de moi gardait confiance et se disait : « ce texte est important, même s’il n’est lu que par dix personnes, il faut le mener à bout ».
Mon parcours d’écrivain n’est pas linéaire, ma manière de « digérer » les histoires avant de les poser par écrit est assez lente (alors que j’ai toujours pensé que j’écrivais vite), ce n’est pas une voie facile. J’aurais aimé pouvoir vous raconter la success story de la romancière qui sort un livre tous les ans et qui a trouvé dès le premier roman sa maison d’édition pour la vie, je ne peux que vous raconter, avec autant de sincérité possible, les chemins sinueux que je dois emprunter pour être romancière (oui, mais une romancière surfeuse, ne l’oublions pas !).
Si vous avez envie de me soutenir, vous pouvez faire plusieurs choses :
– Précommandez dès maintenant le roman chez votre libraire ou en ligne : Dans l’obscurité scintillent les fragiles étoiles de Marjolaine Solaro, éditions de L’Archipel. Ainsi, le libraire ou le site aura connaissance de l’intérêt pour ce livre et pourra le mettre en avant.
– Achetez rapidement le livre si vous lisez ce billet après sa sortie le 25 janvier 2024.
Si, après sa lecture, vous l’aimez :
déposez votre avis sur les sites en ligne ou Babelio et mettez-lui 5 étoiles (soyons généreux!)
– Offrez-le aux personnes qui pourraient l’apprécier.
– Parlez-en autour de vous.
– Demandez à votre votre bibliothécaire de le commander pour la médiathèque.
– Si vous n’avez pas lu mon premier roman Jamais je ne t’oublierai, offrez-le vous en poche !
Je voulais terminer avec les remerciements, mais ils sont déjà dans le livre… J’ai conscience de ma chance folle d’avoir un mari comme MMM qui me soutient sans relâche, d’avoir croisé le chemin de Virginie Fuertes avec qui on se comprend si bien sans avoir besoin de trop en dire et d’avoir votre bienveillance à vous depuis si longtemps. Merci les lectrices du blog d’être là, encore et toujours. Je vous embrasse bien fort.
PS : je suis en dédicace Au Vent des Mots à Lorient le samedi 17 février de 16h à 18h.
