Bretagne

L’art de la conversation en Bretagne

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Je crois que chaque région a ses petites particularités quand il s’agit d’y poser ses valises. En m’installant en Bretagne il y a presque trois ans maintenant, j’ai découvert que pour vivre ici, il y a quelques codes à respecter, quelques clefs à connaître. Les Bretons et la Bretagne ont leur personnalité bien à eux et c’est pour cela aussi que j’aime tant vivre ici.

Si vous comptez vivre en Bretagne un jour, voilà deux ou trois choses à savoir avant de lancer l’opération séduction auprès des bretons de votre entourage pour briser la glace en douceur.

Le Breton n’est pas quelqu’un de chaleureux au premier abord. Il ne faut pas être surpris de son côté réservé. Ici, on n’est pas dans le sud, on ne vous claque pas dans le dos à la première rencontre. J’ai été un peu déstabilisée en arrivant parce que personne ne me disait bonjour. Ni les voisins que je croisais, si les parents à l’école et je me sentais un peu à l’écart. J’ai continué à dire bonjour même si je n’avais pas de retour. Ce que je pensais être du mépris (même si le mot me semble fort) était en fait de la réserve. Le Breton a besoin de vous voir vous intégrer à son environnement, il a besoin de s’habituer à vous et à votre présence. Il faut l’apprivoiser en quelque sorte. Le Breton ne vous sautera donc pas dans les bras à votre arrivée mais si vous restez assez longtemps, il répondra une première fois à votre bonjour et sera ensuite constant. Je crois que le Breton est aussi fidèle, enfin c’est ce que j’observe au fil du temps.

Une fois la première glace brisée, il faut aller ensuite plus loin que le bonjour. Ma belle-famille m’a prévenue. Ici, avant même de demander aux gens comment ils vont, tu parles du temps. C’est vrai que c’est toujours le premier sujet de conversation, ensuite on prend des nouvelles de la santé et on développe si on veut. S’il pleut on se plaint un peu, s’il fait beau on dit « pourvu que ça dure », si on est en période de tempête on demande s’il n’y a pas de dégât, on parle du nuage là-bas au fond qui vient vers nous… Cela semble bien futile et pourtant, je prends désormais un vrai plaisir à échanger sur ces banalités qui sont le ciment du lien social breton.

Un autre très bon conseil que l’on m’a donné quand je suis arrivé est celui-là : « raconte quelque chose sur ta vie car si tu ne le fais pas, on l’inventera pour toi ». Quand on arrive de Paris ou d’une grande ville où l’anonymat règne, on peut sortir la poubelle en pyjama sans que cela n’interpelle personne. Quand on vit dans un petit village, l’anonymat n’est plus de mise. Et quand vous arrivez avec votre voiture immatriculée 94, vous avez vite fait d’être fichés comme les Parisiens du quartier. Comme un peu partout ailleurs en France j’imagine. Mais du coup, forte du conseil ci-dessus, j’ai vite embrayé mes conversations de voisinage sur le thème : « mon mari a vécu 20 ans dans le village, c’est un retour aux sources vous savez ». Et nous avons vite fait changé notre plaque d’immatriculation aussi !

Même si je pense que pour nos voisins, nous restons les Parisiens du quartier, j’aime à penser que nous faisons désormais partie du paysage et que dans quelques années quand une famille immatriculée en Ile-de-France viendra s’installer dans le quartier, ils nous prendront pour des Bretons ^__^

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32 commentaires

  1. Répondre Daily about Clo 22 avril 2014 à 08:51

    Je comprends mieux pourquoi l’année dernière on me regardait de travers avec ma voiture immatriculée 79..
    Les voisins ont mis du temps à me dire bonjour, presque peu de temps avant que je ne quitte Arradon.
    Mais je n’oublie pas la Bretagne qui reste pour moi une région très accueillante et agréable à vivre.

    • Répondre Marjolaine 22 avril 2014 à 14:05

      Tu commençais à t’intégrer au paysage, tu avais fait le plus dur 😉

  2. Répondre Lilas 22 avril 2014 à 09:13

    Mieux vaut mettre un peu de temps pour s’intégrer et nouer une relation fidèle que de se faire taper dans le dos et claquer la bise dès les premiers jours et nouer une relation superficielle… Mon rêve est de rejoindre mon Finistère…Moi qui me suis exilée à Nantes (pas en Bretagne DONC !!!)… Encore une fois merci pour ce blog fort sympathique !

    • Répondre Marjolaine 22 avril 2014 à 14:06

      Exactement ! Mais bon, Nantes c’est quand même très Breizh Way of life !

  3. Répondre Corinne (Couleur Café) 22 avril 2014 à 10:22

    Bon à savoir 😉

  4. Répondre Kid Friendly 22 avril 2014 à 10:52

    Très intéressant. Je ne me suis jamais trop posé la question car mon bp était un enfant du coin et, portant son nom pur beurre salé, j’ai été intégrée sans problème. Après nous ne vivons pas là à l’année donc c’est différent. Mais ta description colle parfaitement aux gens du crû.

  5. Répondre Amalia 22 avril 2014 à 11:46

    Moi c’était a Marseille qu’on me regardait de travioles avec ma caisse immatriculée 35, on me disait « Ha tu viens chercher le soleil hein » nan nan j’ai juste tout quitté par amour^^
    Perso quand je vois a l’école des nouvelles têtes qui me disent bonjour je réponds, surement parce que mon papa a eu du mal a s’intégrer dans mon village d’enfance!
    Mais tu as raison sur ce que tu dis on est pas un peuple super avenant au départ mais après c’est a fond les ballons 😉

    • Répondre Marjolaine 22 avril 2014 à 14:07

      Bon résumé sur le dernière phrase.

  6. Répondre Anne Hélène 22 avril 2014 à 12:09

    Bonjour,
    Je vis entre Audierne, où je suis née et le 94 où je travaille. Il est vrai que je vis une  » breizh attitude » à Audierne mais je pense peu différente sur le 94.
    Le breton est attachant dans sa région comme ailleurs.
    Cordialement

    • Répondre Marjolaine 22 avril 2014 à 14:08

      En banlieue parisienne, il y a le facteur « anonymat » qui ne s’estompe pas facilement même au bout de plusieurs années alors qu’ici, on arrive à créer une proximité au final.

  7. Répondre Covima 22 avril 2014 à 12:28

    Sans vouloir faire de raccourcis entre la région et le comportement, c’est vrai que je préfère le côté un peu réservé de prime abord, mais qui laisse présager des liens profonds au fil du temps (je l’ai vécu et suis un peu comme ça moi-même) que le côté « hey salut je suis ton meilleur ami » au bout de 5 minutes et qui reste superficiel au final (vécu aussi)… En revanche je suis surprise que personne ne te disait bonjour à ton arrivée, je te rassure ce n’est pas partout pareil en Bretagne 😀 !

    • Répondre Marjolaine 22 avril 2014 à 14:09

      J’ai été assez surprise aussi mais je ne me suis pas laissée découragée. En fait, c’est vraiment de la réserve, de la timidité aussi un peu.

  8. Répondre Joëlle 22 avril 2014 à 14:13

    Et oui il faut apprivoiser le breton, on a toujours un temps d’observation mais ensuite on est fidèle à nos valeurs et quand on aime c’est sans réserve :-). Parole de bretonne dans le sang et mon cœur (et caractère) mais née en banlieue parisienne !!
    Par contre, en devenant maman, je pensais faire des rencontres dès que mon fils est allé à la crèche, et au final c’est moi qui me prend des vents depuis 4 ans… et je pense pas qu’ils soient bretons mais les gens sont de plus en plus mal poli tout simplement 🙁

  9. Répondre LudiM 22 avril 2014 à 14:36

    Je crois que ce billet est mon préféré! Bretonne pure souche, je ne m’en rends pas trop compte, mais c’est vrai qu’on parle systématiquement du temps. Et que tout le monde te connaît avant même que tu n’arrives. Pour ce qui est du bonjour, je rejoins Covima, c’est en général plus cordial. Mais les parisiens ne sont pas toujours bien accueillis, et avec une voiture 94… Non mais franchement, c’était de la provocation! 😉

  10. Répondre Maryline 22 avril 2014 à 16:12

    Oh que non ce n’est pas simple de s’incruster dans cette belle Bretagne ! J’ai quitté le 95 il y a presque 14ans pour m’installer avec ma tite famille en plein champ, une jolie longère à restaurer dans un ptit village, on profitait que l’Homme ne travaillais pas les lundi pour s’installer au café le matin, prendre notre journal après avoir conduit la petite à l’école. Et ce n’en fut pas plus simple il y a 4ans lorsque, divorcée, avec mes trois filles sous le bras, je m’installais dans un autre village, chez un autre Homme en plus ! il fallait que je me présente comme la nouvelle compagne de cet Homme qui avait toujours vécu dans le coin mais jamais là parce qu’un travail sur les routes des semaines entières voir des mois…il a fallu que je me fasse une place à l’école en aidant à toutes les activités et sorties, que je fasse avec plaisir du bénévolat à la minuscule bibliothèque, que je mette une tite annonce pour trouver une mamie qui veuille bien m’apprendre à tricoter, en trouver une autre lorsque j’ai repris le travail pour m’aider avec les enfants…je suis de toutes les activités et réunions et finalement c’est l’Homme qui doit se présenter maintenant comme le compagnon de celle qui aide tout le monde mdr ! et comme vous j’ai forcé le bonjour, j’ai perfectionné mon anglais parce qu’il y en a tout plein ici, j’ai marqué mon empreinte de vie pour contrer celle que essayait de me coller dans le dos comme celle qui n’a plus rien et qui débarque chez l’autre avec ses gosses…pas facile mais à pas de velours je suis heureuse de mettre dévoilée à eux pour qu’ils se dévoilent à moi, eux tous ces bretons de cette bretagne si belle et qui me rend si en harmonie ! Biz les filles

  11. Répondre MaggieBzh 22 avril 2014 à 21:19

    Ah bon, dans les autres régions, on ne parle pas de la pluie… 😉
    Ca me paraissait tellement évident que je n’avais jamais prêté attention à ce « code » de communication! 🙂
    Tu y avais fait allusion dans l’un de tes articles de blog perso et je m’étais alors amusée à écouter les clients du magasin et à m’écouter moi-même…
    Mon Dieu, nous pourrions écrire un livre pour MétéoFrance dans notre belle région!
    En tout cas, c’est toujours amusant de se voir au travers du regard des « Bretons d’adoption »! 🙂 Et pour ça, merci! <3
    A quand un article sur le patois du coin?! 😀

  12. Répondre sofy from sxb 23 avril 2014 à 08:12

    j’ai reconnu les Alsaciens dans ta description de la froideur des Bretons !

  13. Répondre Lily's Little Factory 23 avril 2014 à 14:29

    Tu décris parfaitement le carctère du breton (Bretagne sud en tout cas). On est un peu timide au début mais après, lorsqu’on a confiance on est beaucoup moin farouche ! On a juste besoin d’analyser les gens un peu pour être sincère et nouer des liens… Par contre pour l’immatriculation, je me reconnais trop (je dois être légèrement chauvine), quand on voit un parisien, on pense touriste et par extension bouchon pour aller à la plage, trop de monde au marché, et gens qui roulent et se garent n’importe comment… Désolé on se refait pas ! Mais ce qui est bien c’est qu’on peut changer d’avis sur les gens ! 😉

  14. Répondre Jennifer 23 avril 2014 à 23:52

    Au fait, à propos de plaque d’immatriculation laquelle ne faut il SURTOUT pas avoir en Bretagne ?
    Je sais que dans la Drôme (26), il ne faut pas être immatriculé 07 (en ardêche il n’y a que des ploucs qui ne savent pas conduire).
    En Lorraine, si tu es immatriculée 55 (Meuse) tu es le paysan qui sort de sa cambrouse huhu !
    Evidemment en Ile de France le 93 c’est le 9.3. quoi (tu imagines de suites les barres HLM perte de vue. Si tu es 78 ou 92 tu es forcément riche…

    Et donc en Bretagne que disent les plaques 😉 ?

    • Répondre Covima 25 avril 2014 à 12:54

      En Ille-et-Vilaine (je ne sais pas si c’est le cas pour le 29 et le 56) ce sont les conducteurs des Côtes d’Armor (22) qui n’avancent à rien 😀 Et dans le 44, même observation pour ceux de la Vendée voisine… C’est drôle !

      • Répondre Lucie Chipounette 26 avril 2014 à 15:15

        Les 35 à l’est de rennes n’aiment pas trop les 53 (les meniaws!). Et sinon, il paraît que les 56 conduisent trop vite! Moi je suis un mix de 35 et 56 (et je ne conduis pas trop vite! ^^).

      • Répondre Finis-terrienne 18 octobre 2014 à 01:51

        J’ai vécu dans la Drôme aussi, et je confirme que le conducteur ardéchois (07) y est très mal vu, ç’en est même ridicule… Il paraît qu’en Ille-et-Vilaine, les « ploucs » sont les habitants de la Mayenne voisine (département + isolé et traditionnellement + pauvre). En revanche, je n’ai jamais entendu ce genre de réflexion dans le Finistère, est-ce par ouverture d’esprit (???!!!), ou juste parce que ce département est le plus excentré de la région (personnellement je penche plutôt pour cette 2ème option) ? Quant aux conversations sur la pluie et le beau temps, la méfiance du Breton à l’égard de  » l’étranger », et hélas aussi, les étiquettes qu’on colle facilement sur le dos des nouveaux arrivants, je confirme… Et bien que (demi !) bretonne moi-même, j’avoue que le manque d’anonymat me manque quand je suis dans mon village de la presqu’île de Crozon… Et enfin, merci pour ce blog fort sympathique découvert pas hasard il y a 2 jours !

  15. Répondre Myriam de Dihan 26 avril 2014 à 16:39

    Hi hi! Sympa l’article… et plein de breizhattitudes véridiques 🙂
    A recommander pour toutes celles et ceux qui voudraient approfondir le sujet de l’accueil breton et autres nœuds d’intégration armoricaine, le livre : Ils sont fous ces bretons d’Erwann Vallérie, illustré par Nono.
    Savoureux, drôle et assez vrai aussi…

  16. Répondre Catherine 1 août 2014 à 08:48

    Côté breton, j’ai des origines à Ploërmel dans le Morbihan. Et je crois avoir un caractère de bretonne.
    Côté voiture, c’est fait, nous avons remplacé le logo Ile de France 91 par celui de la Bretagne 22
    Nous nous installons en Côtes d’Armor début décembre après plusieurs séjours à Plouha et nous sommes tombés amoureux du coin et de tout ce qui va avec.
    Nous commençons une nouvelle vie loin de l’Ile de France que nous ne supportons plus.
    Nous avons hâte de poser les valises et les meubles

    • Répondre Marjolaine 1 août 2014 à 08:55

      Bienvenue alors !

  17. Répondre angel29 10 septembre 2014 à 15:01

    oh c’est vrai ce que tu dis, le premier paragraphe, j’arrivais a l’école personne ne répondait a mon bonjour, c’est dingue ça, mais venant d’un lieu public ou nos enfants ce sotoient ça me choqué, j’ai continué a dire bonjour comme toi, l’impression que je venais d’une autre planête c’est fou. nous sommes arrivés en Bretagne en Mars 2011, mon dernier avait 8 mois, mon moyen 4 ans 1/2 et ma grande 7 ans 1/2, ils ont eu du mal a se faire des copains/copines, ils appelaient mes enfants « les mamouches » j’ai du intervenir auprès de quelques parents lol

  18. Répondre Francy 11 décembre 2014 à 09:26

    Nous sommes belges et allons nous installer en août 2015 dans la presqu’île du crozon, le grand saut, et lire votre blog nous permet de mieux « apprivoiser » les bretons, j’espère pour nous que nous nous intégreront à merveille surtout la petite, … merci pour votre excellent blog

    • Répondre Marjolaine 11 décembre 2014 à 09:32

      Bienvenue en Bretagne alors !

  19. Répondre Sophia 14 août 2016 à 16:22

    Merci pour toutes ses informations fort utiles.
    Je suis folle amoureuse d’un Breton depuis 4 ans, moi qui vient du soleil du Maghreb j’ai envie de m’imprégner de la culture locale pour apprécier encore plus la Bretagne.
    Je trouve que les Bretons peuvent être très accueillants quand on est introduit par un des leurs. Merci pour votre blog si instructif!

  20. Répondre Claude 6 novembre 2016 à 21:10

    Bonjour,
    Je suis du Tarn et je suis en train de vendre ma maison pour déménager dans le Morbihan, en raison d’un mari fou de voile. Je suis heureuse à l’idée d’arpenter les beaux paysages avec mon appareil photo (professionnel) mais je me demande : c’est comment la météo là-bas ? On se gèle ? On passe son temps avec un parapluie ? Nordiste de naissance, j’ai toujours vécu soit en Catalogne, soit à Toulouse, alors j’ai quelques « angoisses »… Je suis à peu près sûre que le paysage et les gens « compensent » la météo mais j’aimerais connaître vos expériences. Merci à tout le monde

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