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La course que je ne devais pas courir

En 2022, c’était décidé, je reprenais la course à pied ! Enfin, ça, c’était la théorie parce qu’en réalité, rien ne s’est passé comme prévu.

Pour me motiver à rechausser les baskets, j’ai proposé aux copains de la team  (avec qui je cours depuis 2015 et mon premier tour de Houat) de partir un week-end en juin sur mon île préférée pour courir La Groisillonne.

Après quelques timides sorties dans cet objectif en février et en mars, il a fallu me rendre à l’évidence, mon corps n’était pas en mesure de faire 5 km : j’avais une double tendinite aux tendons d’Achille. Le truc douloureux et un peu flippant (mon père, marathonien émérite s’est rompu les deux !). Et puis mon histoire d’yeux avec les abcès et l’eczéma des paupières m’avait également mise sur la réserve.

Bref, nous sommes allés à Groix où les hommes de la bande et mes trois enfants ont participé à leur course. C’était un super week-end et ça valait le coup, même sans être sur la ligne de départ.

Le rendez-vous suivant, c’était le tour de Houat auquel je rêvais de participer une 4ème fois. MMM s’est entraîné tout l’été, j’ai essayé et vite arrêté. Mes tendons n’étaient pas encore assez rééduqués. Patience Marjo, patience. Malheureusement pour MMM qui était chaud comme la braise pour courir le 9 km, j’ai eu un calcul rénal qui ne nous a pas permis d’aller avec les copains à Houat…

Après Houat, nous nous sommes donné rendez-vous aux Foulées du Pont du Bonhomme comme chaque année depuis 2015 ! La course est organisée par l’école, juste à côté de la maison. C’est notre tradition : je récupère les dossards de tout le monde, on se retrouve à la maison, on va tous sur la ligne de départ, les coureurs courent, les autres encouragent et attendent à l’arrivée comme une foule en délire… Ensuite, on prend un rafraichissement et on file refaire la course à la maison, se doucher, déjeuner, papoter. Et souvent, on repart pour une petite balade !

Cette course, j’ai caressé l’espoir de la faire, notamment parce qu’on avait fait une chouette sortie avec Céline D (pas mpchoco, une autre Céline de la bande) et mes filles au Bono la semaine précédente, mais un run le lundi suivant avec MMM où j’ai explosé au bout de 4 km a calmé mes ardeurs. Désolée les copains, je ne vais pas courir, je ne suis pas assez en forme… « Marjo, le parcours, c’est deux boucles, fais-en au moins une », m’a soufflé le mari de Céline (Mr Chéri, celui de mpchoco, vous suivez ?).

Alors la veille, je m’inscris. Dimanche matin, je me sens en super forme ! Je suis sur la ligne de départ avec MMM, Mr Chéri, Marco,  Céline D. J’ai prévu de courir la première boucle avec elle pour la lancer et puis de revenir prendre un thé sur la ligne d’arrivée… Il y a quelques temps j’aurais pris le départ en sachant que, quoiqu’il arrive, je terminerais la course. J’aurais posé l’objectif et j’aurais tout fait pour l’atteindre, quitte à finir sur les dents et à me faire du mal. Après le tour de Houat 2019 où j’ai souffert énormément, je me suis promis de ne plus courir au mental. J’ai prouvé que je pouvais le faire, mais je ne veux plus me faire de mal.

Bref, nous partons tranquillement avec Céline D, nous sommes tout de suite en queue de peloton, et ça nous va très bien ! Sur cette course, je connais la moitié des bénévoles qui surveillent aux barrières, alors nous profitons des encouragements personnalisés des copains et des enseignants des Pin’s, l’ambiance est gaie, l’air est doux, le soleil est là, le parcours agréable. Céline D et moi prenons un plaisir fou à courir sans pression. On court sans se faire mal, en respirant bien fort l’iode et la pinède. La forêt et le Blavet nous régalent de beauté. On est bien, simplement. Je décide de ne pas regarder mon appli de course sur le téléphone pour me laisser guider par mes sensations physiques (meilleure idée !). J’avoue avoir carrément du mal dans une vilaine côté à la sortie de la forêt et envisager dix secondes de laisser Céline D filer devant. Mais je la rattrape (ou plutôt, elle m’attend !) et nous partons joyeusement terminer la première boucle alors que les quatre premiers de la course nous doublent à grandes enjambées !

J’annonce à ma partenaire que je me sens bien et que je continue avec elle tant que ça roule comme ça. La deuxième boucle passe encore plus vite que la première, je souffre parfois, mais je retrouve vite un second souffle. Je me sens tellement heureuse de courir, j’ai du mal à trouver les mots pour exprimer cette sensation de liberté.

Il reste une dernière côte avant la ligne d’arrivée. Et elle est costaud ! Je la connais par coeur… J’ai envie d’arrêter, de marcher. Mais Céline D me motive, et puis j’entends les copains et les enfants sur la ligne d’arrivée. Certains nous rejoignent pour courir et ça devient plus facile. Les bénévoles et le public encouragent aussi bien les premiers que le peloton de fin, ça fait super plaisir.

Au début et à la fin de la course :

On passe la ligne avec un temps de sénatrices : 1h11’51 pour 10 km, mais vu que nous avons parlé durant toute la course, on s’attendait à faire 1h20 ! Et surtout, on s’en cogne complètement ! Cette course était parfaite et nous a redonné à toutes les deux l’envie et le plaisir de courir, c’est vraiment le plus important. Merci Céline !

Évidemment, je me suis faite chambrer :  « Alors comme ça tu ne voulais pas faire les deux boucles ? », « On savait que tu les ferais ! ». Eh bien, franchement, je ne pensais pas terminer la course, parce que je ne voulais pas y mettre d’enjeu (envers moi-même). Je voulais avoir la possibilité de commencer une course, sans envisager de forcément la terminer et sans que je me sente nulle de ne pas finir.

Hier, je n’ai pas couru avec l’égo, j’ai couru avec le coeur.

On remet ça bientôt ?

PS : Finalement, j’ai réussi à reprendre le running en 2022 !

PS 2 : Bravo MMM pour ton premier 10 km en course !!!

PS 3 : merci à ma Céline pour les photos et les encouragements qui sont si précieux.

Un grand merci à cette team de copains avec qui c’est tellement chouette de courir (ou de faire n’importe quoi d’autre !). Merci à l’équipe d’organisation des Foulées du Pont du Bonhomme et l’APEL qui gèrent chaque année super bien cette course, avec le sourire !

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10 commentaires

  1. Répondre Cyann 21 novembre 2022 à 16:12

    J aime bien la quarantaine (qui s approche pour moi) parce qu elle me semble plus sereine : on fait des choses pour soi, moins pour l image qu on veut donner de soi. La nuance est importante, et moi il m a fallu beaucoup de temps pour m en apercevoir.
    Et je te rejoins pour le sentiment de liberté que procure la course, même qd on ne va pas très vite !!

    • Répondre Marjolaine 21 novembre 2022 à 16:35

      Je te rejoins complètement sur le fond, faire des choses pour soi, moins pour l’image, cependant, pour ce genre de défi sportif, c’est à moi que je voulais prouver des choses, il me semble.
      Et vive la course qui rend libre !

      • Répondre cyann 21 novembre 2022 à 21:22

        Oui, à la lecture de ton billet, on comprend bien que c’est à toi que tu voulais prouver des choses. Je réfléchissais sur mon propre rapport au sport, qui a longtemps été entaché d’une notion de performance, de fierté de mes parents. Aujourd’hui, je pratique pour moi, mon bien être, et je pense que c’est plus sain. (En fait, mes commentaires sont trés ego-centrés !!)

        • Répondre Marjolaine 21 novembre 2022 à 21:42

          Mais c’est parfait, c’est le but des commentaires ! De partager son expérience et ses ressentis, merci !

  2. Répondre Bénédicte 21 novembre 2022 à 16:19

    Écouter son corps et se faire plaisir. C’est ce que tu as fait et tu as eu raison, bravo pour cette course !

  3. Répondre Céciliacidulée 21 novembre 2022 à 16:33

    Bravo Marjo de t’être écoutée, c’est sûrement ce qui t’a permis d’aller au boulot avec le plaisir et sans se blesser !
    Des bises,
    Cécilia

    • Répondre Marjolaine 21 novembre 2022 à 16:36

      Merci Cécilia, je ne me suis jamais blessée en course, mais j’ai définitivement puisé trop loin dans mes réserves certaines fois ! Je t’embrasse.

  4. Répondre Elolulu 22 novembre 2022 à 06:48

    Bravo pour ce moment qui restera inoubliable. J’en ai également vécu cet été dans un massif Alsacien, une randonnée avec 400 mètres de dénivelé en montée, j’ai cru que ce serait insurmontable. Mais j’ai trouvé les ressources dans mon corps et quelle récompense d’arriver au sommet ! C’était magique. C’est génial ces moments pour soi qui nous rendent fières de nous.

    • Répondre Marjolaine 23 novembre 2022 à 12:21

      C’est tellement beau quand on lâche la volonté et que l’on laisse le corps s’adapter et troiuver lui-même le chemin. Bravo à toi.

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