Grossesse

Ma grossesse sans hôpital

photo-555.JPGC’est assez paradoxal mais pour cette grossesse sous surveillance, je ne fréquente pas l’hôpital. Pas du tout, même. Petit rappel des faits : pour Kouign Amann, j’ai été suivie à l’Hôpital des Clefs à partir du 2e trimestre. 4 échographies en tout et pour tout, une visite aux urgences en raison d’un mal de tête affreux en fin de grossesse (merci Arnold), un monitoring à 2 jours d’accoucher et basta. Pour Fleur de Sel, j’habitais carrément à l’hôpital, d’abord à l’Hôpital du Pôle Nord en Bretagne puis de nouveau à l’Hôpital des Clefs. Je ne parle pas des 3 monitorings quotidiens, des piqûres de corticoïdes dans les fesses, des promenades en ambulance sur le périph toutes sirènes allumées pour visiter mon cher Docteur House du foie et de la grossesse, des prises de sang au réveil, des IRM, des échos en pagaille…

On pourrait s’imaginer que pour cette 3e grossesse à la suite d’une grossesse patho, je fréquente assidûment l’hôpital. Je n’y ai mis les pieds que 2 fois.

La première fois, j’étais enceinte de 6 petites semaines. J’avais beaucoup saigné pendant la nuit, MMM était à Paris et après avoir déposé les enfants et expédié les affaires urgentes pour le travail, je me suis rendue le coeur lourd à l’Hôpital du Pôle Nord. J’étais prête à entendre que c’était fini et j’attendais les instructions sur la marche à suivre dans ce cas. Comme un automate, je me suis garée, j’ai passé les portes automatiques et mes pas m’ont ramenée dans le passé sans que je comprenne ce qui était en train d’arriver. J’ai vu le fantôme de mon Kouign Amann de 19 mois qui se promenait dans le couloir et qui essayait d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur, j’ai vu Mamyvonne et MMM le visages inquiets, j’ai vu le couloir qui me menait à ma chambre… Je me suis pris le lieu en pleine face, comme une claque bien sèche. Boum. Je me suis effondrée. Comment avais-je pu oublier que c’était ici que tout nos galères avaient commencé le 8 novembre 2009 pour Fleur de Sel ? Pourquoi était-ce si dur de me retrouver ici à nouveau alors que tout cela était terminé et que ma fille était en parfaite santé ? J’ai réussi à me remettre un peu, j’ai sonné à la porte des urgences, le visage défait. Au bout de 45 minutes, j’ai été reçue par une interne (ils sont de plus en plus jeunes les internes, c’est juste incroyable de faire travailler des bébés médecins de 12 ans). « Cela peut-être une fausse couche ou rjuste un saignement anodin, cela arrive ». J’ai eu envie de lui dire que je le savais, que j’étais en train d’écrire un livre sur le sujet mais que là, j’avais juste besoin de savoir pour moi. A peine la sonde de l’écho posée sur mon ventre, le poids qui pesait sur mon sternum s’est envolé. Ce petit machin sans bras qui ressemblait à un bonbon Jesus était parfaitement conforme. Mieux, il avait un coeur qui battait. « Souvenir de règles » m’a dit la petite fille, enfin, l’interne. Je suis sortie de l’Hôpital du Pôle Nord rassurée mais épuisée, une convocation en poche pour une échographie de contrôle la semaine suivante.

Une semaine plus tard, j’étais en voiture aux côtés de MMM. Alors que nous passions le pont qui nous sépare de l’Hôpital du Pôle, je tremblais, complètement stressée par le fait de retourner à l’hôpital. « Tout va bien, bonne grossesse madame et à bientôt pour votre début de suivi ».

Sauf que depuis, je n’y ai jamais remis les pieds. J’ai pris rendez-vous avec un gynécologue-obstétricien, ami cher de la famille de MMM depuis de longues années. Il me suit dans son cabinet en ville. Nous avons décidé tous les deux qu’il me suivrait en cabinet jusqu’au bout puisqu’il a tout le matériel nécessaire pour les échographies et qu’il est rattaché à l’Hôpital du Pôle Nord. Il est en relation avec mon docteur House du foie et de la grossesse (ils doivent s’échanger de merveilleux mails à base de « ALAT », « bilirubine », « SHAG », je regrette juste de ne pas être en copie)… Nous avons tout de suite parlé du « et si ça se passe mal » et avons convenu qu’il m’adresserait à la maternité de niveau 3 la plus proche. Je le vois tous les mois, il réalise une échographie pour vérifier le bon développement de Pyrrhus et suit attentivement l’évolution de mes résultats hépatiques. Un suivi plus poussé que pour une grossesse sans antécédents mais pas excessif ou invasif. Je sais que je peux l’appeler et débarquer à l’improviste si besoin, je sais que je peux lui poser toutes les questions que je veux, je sais que je me sens bien dans son cabinet et j’ai la sensation que je ne peux pas y recevoir de mauvaise nouvelle.

A 7 mois de grossesse, je ne suis toujours pas inscrite à la maternité. En tant qu’ancienne Parisienne, ça me dépasse complètement vu qu’en Ile-de-France, une fois que le test pipi est sec, on appelle tout de suite la maternité où l’on veut accoucher au risque de ne plus trouver de place la semaine suivante. Je vais donc m’inscrire la semaine prochaine, lors de mon rendez-vous avec l’anesthésiste puisque quand même, il faut bien que j’accouche quelque part (et qu’il est hors de question d’accoucher à la Nourserie), ça sera donc à l’Hôpital du Pôle Nord où un double de mon dossier m’attend déja. Mais je le dis tout de suite : je prends le forfait minimum : arrivée 3 heures avant d’accoucher, juste le temps de poser la péridurale, d’entendre « poussez Madame ! Oh, quelle jolie petite fille », d’y passer 3 nuits (ou moins ?), d’y avaler 9 plateaux repas avec beurre salé inclu avant de retrouver ma petite famille à la maison, une Pyrrhus toute rose et en pleine forme dans les bras.

L’Hôpital des Clefs a été pour moi une deuxième maison et je n’aurais jamais pensé vivre une grossesse loin de l’hôpital public à qui je dois tant. Pourtant, cette solution est celle qui convient parfaitement à ma grossesse tout à fait normale qui suit une grossesse patho. J’ai le filet de secours sans avoir la perfusion plantée de la bras et cela me va.

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